Halte Obsolescence Programmée : pourvu que ça dure !
En France, l’association Halte Obsolescence Programmée a pour objectif de fédérer citoyens, élus et industriels afin de privilégier la durabilité des produits.
Le terme d’obsolescence programmée est désormais connu du grand public. Certains grands constructeurs de smartphones ou de produits d’électroménager ont été mis en cause ces dernières années. Le rapport Equiterre de 2018 montre que 86 % des consommateurs pensent que les appareils électroniques et électriques sont conçus pour ne pas durer. En effet, l’obsolescence programmée est un maillon important de notre modèle économique actuel, qui repose sur la surconsommation et la surproduction. En 2015, la loi de transition énergétique en donne une définition :
« L’obsolescence programmée regroupe l’ensemble des techniques visant à réduire délibérément la durée de vie ou d’utilisation d’un produit afin d’en augmenter le taux de remplacement. »
Article 99, loi de transition énergétique
Cependant, cette technique économique est loin d’être récente. De fait, elle a été théorisée en 1932 par Bernard London, un agent immobilier new-yorkais, afin de stimuler l’économie en contexte de grande dépression. De nos jours, les enjeux environnementaux et sociaux remettent en cause ce modèle de consommation. De plus, on peut noter une véritable attente sur ce sujet de la part des citoyens. En 2015, l’association Halte Obsolescence Programmée (HOP) s’est emparée du problème. Co-fondée par Laetitia Vasseur, déléguée générale, et Samuel Sauvage, président, l’association combat l’obsolescence programmée et sensibilise les citoyens à des modes de consommation plus durables. Depuis, elle milite auprès des industriels pour fournir des produits plus durables et réparables. Elle influence les élus dans leur choix. Elle cherche à sensibiliser le grand public sur ces questions. L’organisation de HOP s’articule autour de six pôles dédiés à la sensibilisation, au contenu, au lobbying, au juridique, au rapport produits et à la communication. En 2018, l’association compte vingt-quatre membres actifs. Auxquels s’ajoute un comité d’experts d’une vingtaine de personnes et une communauté de plus de 40 000 individus.
Sensibiliser sur l’obsolescence programmée
L’association déploie son énergie auprès du grand public pour une prise de conscience de notre mode de consommation. Elle dispose de bons nombres d’outils pour toucher une large audience. Tout d’abord, les classiques évènements et ateliers qui offrent de riches moments d’échanges. En 2018, ce sont douze évènements qui ont été organisés, touchant près de 1 500 personnes. Ils se sont répartis entre rencontres dans des collèges et des lycées, mais aussi HOP Days et Apér’HOP afin d’échanger avec détente autour des enjeux de la lutte contre l’obsolescence programmée. Elle met aussi à disposition des kits de communication pour d’autres organisations. Ils contiennent : un jeu de sept familles, un quiz, des gobelets personnalisés réutilisables et aussi un ouvrage « Du jetable au durable », disponible aux éditions Manisfestô (Gallimard), co-écrit par Laëtitia Vasseur et Samuel Sauvage. Côté numérique, en décembre 2018, elle ajoute à son panel le site produitsdurables.fr qui permet de guider les citoyens dans leur choix de renouvellement de matériel. Les utilisateurs pourront y trouver des conseils sur l’entretien afin d’augmenter la durée de vie de leur petit ou gros électroménager, appareils électroniques et bien d’autres produits de grande consommation. La plate-forme propose un classement des marques selon la durabilité de leurs produits en fonction de nombreux avis d’experts et de consommateurs. Ce nouveau site totalise en seulement deux mois d’activité plus de 200 000 visites. De plus, l’association HOP est très active sur les réseaux sociaux où son nombre d’abonnés ne cesse de progresser.
Influencer les décideurs
Un autre volet de l’action de HOP prend la forme de lobbying actif auprès des élus. La lutte contre l’obsolescence programmée passe aussi par la loi. L’association propose de nombreuses idées. En 2018, Laëtitia Vasseur est nommée membre du comité « Accélérateur de la transition énergétique ». Ce dernier a été mis en place, le 30 mars 2018, par le ministre d’Etat de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot. Ce comité ACTE a pour objectif d’amener une vision critique et constructive sur les politiques publiques. L’action de HOP a porté ses fruits au niveau national avec la prise en compte par les pouvoirs publics de deux indices, un de réparabilité et un autre de durabilité. Dés 2020, un affichage obligatoire devrait mentionner la réparabilité pour un certain nombre de produits. Cependant, il ne s’agit là que de premiers pas. L’association est d’ailleurs cosignataire de la lettre ouverte au gouvernement « Pour un meilleur soutien à la réparation ». HOP, conjointement avec l’UFC que choisir, a saisi le Conseil d’état pour une annulation du décret sur les pièces détachées. En effet, l’association considère ce point comme un enjeu primordial pour lutter contre l’obsolescence programmée et mener vers une consommation responsable. Au niveau local, HOP travaille avec la Ville de Paris et la région Nouvelle-Aquitaine. L’action de HOP ne se cantonne pas à l’échelle de la France avec son travail de plaidoyer auprès du parlement et du ministère de la Transition écologique et solidaire. Son action dépasse les frontières pour un impact européen. Mais aussi outre Atlantique, où l’association est entrée en résonance avec Equiterre, un organisme environnemental québécois.
Agir auprès des industriels
De ce côté, l’association joue la carte de la carotte et du bâton. Elle approche les industriels pour les accompagner dans une refonte de leur processus de conception et fabrication. L’objectif est de mettre sur le marché des produits de grande consommation plus durables et réparables. Avec, par exemple, l’assurance d’un produit réparable sur dix ans. L’argument séduit de plus en plus de consommateurs. De facto, L’association HOP a créé en décembre 2017 le club de la durabilité. Quatre fois par an, ces entreprises partageant une vision durable de la consommation identifient des axes d’amélioration et partagent sur les bonnes pratiques. Ces rencontres, HOP les a consolidées dans un rapport inédit, publié le 22 novembre 2018. De plus, pour renforcer les interactions entre les membres du club un site internet dédié a été créé. En conséquence, un grand groupe français a pris un engagement dans l’allongement des durées de vies des produits proposés en se faisant le relais entre consommateurs et producteurs. A contrario, HOP a mis en ordre de bataille un véritable arsenal juridique. Elle part à l’assaut de grands groupes des nouvelles technologies soupçonnés d’utiliser l’obsolescence programmée activement pour doper leurs ventes. Pour certains, l’impact a été assez retentissant pour que quelques affaires fassent les gros titres de la presse nationale. En 2017, un dépôt de plainte mondial a été initié à l’encontre d’un grand fabricant d’imprimantes. Plus tard, c’est au tour d’une prestigieuse enseigne du numérique de recevoir une plainte pour obsolescence programmée. La justice s’est penchée sur ces dossiers pour trancher. En attendant, cela a renforcé la prise de conscience du grand public, désormais plus vigilant sur ce point.
Halte Obsolescence Programmée à suivre
Le champ d’action de l’association HOP est impressionnant. Trois plateformes internet, des événements et des publications tout au long de l’année. Ainsi, elle couvre l’ensemble des acteurs de notre modèle économique pour changer en profondeur les mentalités et les enjeux économiques. Un rayon d’action dépassant les frontières de la France. Cette initiative citoyenne démontre, une fois de plus, qu’il n’existe pas de fatalité. Et ça marche ! Des engagements sont pris par les acteurs économiques. Des projets de lois sont renforcés, préparant un cadre législatif défavorable à des pratiques économiques ce qui, à la vue des enjeux climatiques actuels, est salvateur. Côté soutien, dans le milieu associatif, HOP peut compter sur Zero Waste France, les Amis de la Terre et le réseau des Repair Cafés ; au niveau institutionnel, sur l’ADEME et le ministère de la Transition écologique et solidaire.
Article mis à jour le
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